Origine du Basset Bleu de Gascogne
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Origine du Basset Bleu de Gascogne
Voici ce que l'on peut lire dans LES BASSETS COURANTS de Maurice LEBLANC et John A.MILLER (Editions Gerfaut Club - Mai 1989)
Le Basset Bleu de Gascogne
Il ne semble y avoir aucune mention du basset bleu de Gascogne dans la littérature, avant l'année 1893, quand, pour la première fois, la revue l'Eleveur en parle. Elle nous apprend que l'année précédente, le chenil du Jardin d'Acclimatation avait fait l'acquisition d'un couple de bassets bleus de Gascogne de l'élevage de Monsieur d'Heudières au château de Bois-David en Normandie.
Cet article a provoqué une réponse particulièrement informative au sujet de l'origine de ces chiens:
« Monsieur le Directeur du journal l'Eleveur,
Vos colonnes étant toujours libéralement ouvertes à vos abonnés, j'en profite pour venir vous donner des renseignements sur la création de la race des Bassets Bleus de Gascogne.
C'est dans mon chenil que le fait s'est produit il y a sept ans.
Je cherchais, par sélection, à obtenir d'un croisement de Gascons Saintongeois des sujets propres pour la chasse à tir et, pour cela, je m'étais entouré des lumières et du concours d'un praticien éleveur émérite, M. J. Gautret, de Lanzac, qui a eu une large part dans les résultats que j'ai obtenus.
Il était à cette époque possesseur d'un splendide Saintongeois, Moniteur, descendant des chiens de M. de Saint-Légier. Ce bel étalon, devant lequel je me découvrais avec admiration, avait été donné à une chienne bleue pure Gasconne, descendant des beaux chiens du très regretté M. Piston, possesseur du chenil Fourmis-Dordogne où il les a conservés si longtemps.
J'obtins de ce croisement plusieurs Gascons-Saintongeois, et parmi eux se trouva un couple très près de terre, véritables bassets que j'ai élevés par curiosité; à cause de sa conformation défectueuse j'avais nommé la chienne Misère. Je l'accouplai avec son frère de même structure et j'obtins plusieurs chiens en tout semblables à leur père et mère, entre autres ceux que je vendis à l'honorable M. d'Heudières.
J'avais à tort, depuis deux ans, abandonné cet élevage pour me livrer à celui des Beagles dont quelques sujets ont figuré avec honneur à l'exposition canine de Paris, présentés par M. de Corre, du Vésinet. Je vais revenir à mon ancien élevage, car j'ai encore un excellent et superbe étalon et j'espère bien arriver à mettre en ligne de combat un beau groupe de Bassets Bleus dignes tout au moins d'encouragements, et qui seront appréciés par les chasseurs à tir. Malheureusement, comme vous le savez, Monsieur le Directeur, les expositions de Paris sont très onéreuses pour les provinciaux, ce qui nous fait souvent reculer.
J. G. GIET, propriétaire du chenil de Plaisance-Dordogne. »
D'après la lettre de Monsieur Giet, le basset bleu de Gascogne serait apparu spontanément dans une portée de grands chiens. Leur producteur, certainement de bonne foi, nous dit que les parents de ces bassets étaient de pur sang, au moins jusqu'à à l'époque de Noé. Nous ne pouvons pas exclure la possibilité d'une mutation spontanée, mais il nous paraît plus logique de penser que Monsieur Giet voulait produire, pour la chasse à tir, de petits gascons-saintongeois et que parmi ses géniteurs se trouvaient un petit briquet issu d'un croisement briquet-basset. Une mutation reste dans le domaine du possible mais nous pensons que l'explication de l'apparition de ces bassets se trouve ailleurs.
La publication de la lettre de Monsieur Giet a suscité aussitôt une réponse de la part de Paul Gerusez qui était, comme nous l'avons dit, rédacteur cynégétique de la revue le Sport et connaisseur du basset courant, puisqu'il fut parmi les premiers à avoir acquis des produits de l'élevage de Le Couteulx de Canteleu.
Voici un extrait de l'article sur le basset bleu de Gascogne qu'il a fait publier dans le Sport en janvier 1893:
« Le cas que M. Giet a observé sur les chiens de Gascogne s'est certainement déjà produit sur cette race comme sur toutes les autres, et si la production de ce basset n'a pas été généralisée, je crois en connaître la raison très probable. Je vais beaucoup surprendre M. Giet en, lui disant que j'ai vu des bassets Gascons il y a trente-cinq ans et que je les ai trouves bien loin de la Gascogne en Seine et Oise, chez un garde des bois de Jouy, en pointe de la forêt de Dourdan.
Ces chiens étaient à l'époque assez répandus dans la contrée, ils y étaient venus je ne sais comment, et leur élevage y a été assez vite abandonné pour les raisons suivantes. Ils étaient magnifiques, remplis de race et de sang, le corps aussi développé que les chiens du Baron de Ruble dont ils étaient l'exacte reproduction, sauf les pattes complètement torses et très courtes. Ces gros chiens étaient d'abord très embarrassants, lorsqu'il s'agissait de les transporter en voiture; ils étaient très lents, très lourds, avaient très peu de tenue et étaient tout de suite fatigués, très médiocres lanceurs, indolents et froids dans leur quête, très bavards, criant au sortir du couple et musardant indéfiniment sur de vieilles voies, craignant l'épine et refusant le fourré, très criants et fins de nez, se ralliant mal, jaloux, coupant la voie et dans les défauts faisant à la même place, d'interminables conférences qui, comme toutes les délibérations, se terminaient par une gaffe. Ils s'en retournaient avec un ensemble touchant sur le contre pied avec entrain. En résumé, ils n'avaient aucune qualité et ne manquaient aucun défaut.
Si chaque fois que le basset Gascon s'est produit il était doué de la même manière, je ne suis pas étonné que son élevage ait été partout rapidement abandonné et qu'il soit resté une exception assez rare pour qu'il ait été ignoré des écrivains cynégétiques. J'ai vu, ces temps derniers au chenil du Jardin d Acclimatation deux bassets assez com muns, de taille moyenne, manquant de type quoique assez bien coiffés et ayant le manteau des Gascons Je ne sait pas qu'elle est leur origine mais d'après le récit de M Giet je ne crois pas qu'ils soient d'aussi noble race que les siens ».
Que le lecteur soit prévenu, les bassets décrits par Paul Gerusez ne ressemblaient pas plus aux bassets bleus de Gascogne du chenil du Jardin qu'à la race telle que nous la connaissons aujourd'hui. Par contre, sa description fait penser aux gros bassets lourds dont nous avons trouvé trace sous le Second Empire.
Après la lecture de ces deux extraits, on est obligé d'admettre que la question de l'origine du basset bleu de Gascogne reste ouverte. Il est certain, pourtant, que l'existence de cette race n'était pas reconnue avant l'arrivée du couple composé de Renfort et Rigolette au chenil du Jardin.
Monsieur Gerusez pouvait être tranquille, les deux bassets bleus qu'il a vus chassaient très bien. Lesèble, le directeur du Jardin, parle d'eux dans un article dans la Chasse Illustrée en 1894: « Le travail de ces animaux m'a véritablement enthousiasmé ». Léon Verrier a confirmé plus tard les impressions de Lesèble quant à leurs qualités au travail.
Nous ne savons pas exactement pourquoi mais l'intérêt porté à cette race n'était pas suffisant pour inciter les amateurs à entreprendre un élevage suivi. Lorsque l'attention d'Alain Bourbon s'est portée sur le basset bleu de Gascogne, une dizaine d'années plus tard, il n'en a pu trouver chez Monsieur d'Heudières. Dans son livre sur les bassets courants paru en 1912, il explique que l'origine des ses bassets serait la suivante: « Possédant alors des bassets Saintongeois noirs et blancs, je les alliai avec les plus belles chiennes bleus que je pus trouver. J'achetais plus tard quelques chiennes à la démonte de l'équipage de Mme Guymet, Nelusko, Selika, Fatma, tous gagnants aux expositions des Tuileries de Paris, puis plusieurs autres et, grâce à la pureté de mes bassets, je pus élever quelques bassets ».
Alain Bourbon n'est peut-être pas le véritable père du basset bleu de Gascogne mais il en est au moins le père adoptif. Il fut le premier à se lancer dans un élevage suivi de cette race et, avec ses connaissances cynégétiques, est arrivé à produire de beaux et bons sujets. Il a eu d'autant plus de mérite que cette race n'était pas reconnue officiellement et, aux expositions, il a fallu réclamer des classes spéciales pour ses chiens.
Alain Bourbon habitait et chassait dans la Mayenne où ses beaux équipages pour la chasse à courre du lièvre furent célèbres. Son activité comme éleveur du basset bleu de Gascogne fut la plus importante et la plus fructueuse dans la décennie précédant la Première Guerre. Il a été le premier à faire publier un livre dédié aux seuls bassets courants (Nos Bassets Français). II a aussi essayé de faire accepter l'idée du basset saintongeois mais ce projet n'a pas reçu un écho favorable et est rapidement tombé dans un semi-oubli.
Dans l'entre-deux-guerres, la production du basset bleu de Gascogne était juste suffisante pour entretenir sa reconnaissance officielle. On voit son nom apparaître de temps à autre dans les comptes-rendus d'expositions canines avec des commentaires peu favorables, sauf en ce qui concerne la robe. Il est très difficile d'arriver à une juste appréciation du véritable effectif d'une race quand le club qui devrait en être responsable (dans ce cas le Club du Basset Français) somnole, quand elle est élevée principalement pour la chasse et quand sa participation aux expositions canines est un piètre indicateur de sa popularité réelle. Nous avons toutefois l'impression que pendant cette période, la race vivotait plutôt que prospérait.
Les renseignements nous manquent pour nous permettre de suivre la reconstitution de la race après la seconde guerre. Vu le petit nombre rencontré dans la période précédant la Guerre, il est plus que vraisemblable qu'elle était dans une situation très difficile à la fin des années 1940.
Le Club du Bleu de Gascogne, Gascon-Saintongeois, Ariègeois
Il existait un premier Club du Gascon-Saintongeois et du Chien Bleu de Gascogne, dont nous n'avons pas de renseignements, si ce n'est que le secrétaire était un certain Monsieur de Lacaze. Cette association a disparu et a été remplacée par le Club de Bleu de Gascogne, présidé par Monsieur Boulous, de Nice, au début des années 1950. Dans cette période de l'après-guerre, on n'a pas fait beaucoup cas du basset bleu et on peut penser qu'il n'était pas en tête de liste des priorités pour les dirigeants de ces organisations.
Le Club du Bleu de Gascogne s'était assoupi quand, en 1967, notre collègue et ami Roger Bachala a pris sa destinée en main. Dans l'article paru au bulletin du Club, en hommage à son grand ami Etienne Perry, décédé en 1983, il a expliqué comment il fut amené à accepter cette charge:
« Dès 1965, M. Ferry me demandait de ranimer le Club du Bleu. Je n'envisageais pas alors de prendre ces responsabilités.
En 1967, le premier dimanche de décembre, lors de la Saint-Hubert du Rallye Elusate à Eauze, dans le Gers, M. Ferry me tendit une lettre d'un certain M. Parraud, éleveur à Rouen, envisageant de constituer un Club du Bleu.
Craignant alors que cette race ne soit dirigée par un éleveur étranger à la Gascogne, je décidais, sur le champ, de réunir les éleveurs de Bleu afin de les inciter à faire renaître le Club. Des convocations partaient et la réunion préparatoire siégeait le lundi 17 décembre 1967, regroupant dix éleveurs qui décidaient de convoquer une assemblée générale pour le 5février. M. Ferry présidait cette première instance officielle.
Un comité fut élu. M. Ferry, refusant de prendre la présidence du Club et n'acceptant que la vice-présidence, fut élu à l'unanimité à ce poste ».
C'est à peu près à l'époque de la renaissance du Club du Bleu que Monsieur Jean Abadie, du Gers, a commencé à rappeler aux amateurs de chiens courants l'existence du basset bleu de Gascogne, en présentant aux expositions des sujets de son élevage. Pendant un certain temps, il était à peu près le seul à s'occuper de cette belle race et nous nous rappelons bien l'intérêt suscité par ses chiens auprès des visiteurs du Salon Agricole de la Porte de Versailles, à la fin des années 1960. Pour beaucoup, c'était la première occasion de voir cette race de bassets en chair et en os. Ces bassets étaient issus d'un élevage fondé avec des «bassets de pays» que Monsieur Abadie a pu trouver dans sa région.
La majorité des bassets bleus actuels ont leurs origines dans cet élevage. Le faible nombre de reproducteurs disponible a rendu nécessaire l'emploi modéré du petit bleu de Gascogne pour assurer la pérennité de la race sans se heurter à des problèmes de consanguinité.
L'un des élevages ayant suivi cette voie est celui de Monsieur Lagarde du Tarn et Garonne. Après avoir été déçu par le trop lent progrès obtenu avec des bassets de qualité modeste, il s'est tourné vers un petit bleu de Gascogne pour l'aider dans la reconstitution de la race. Grâce à une sélection consciencieuse, il a pu établir un excellent type et les bassets bleus portant l'affixe de Jouan Lagarde ont souvent été primés en exposition et récompensés aux épreuves de travail. On peut citer en exemple le chien Mascaro de Jouan Lagarde qui n obtenu de nombreux C.A.C.I.B. et 7 brevets de chasse, dont 3 sur lièvre.
Citons aussi Monsieur Vulvain, habitant la Haute Vienne, qui a tant oeuvré pour faire connaître cette race en France et à l'étranger. Les chiens portant l'affixe du Mas Gauthier ont obtenu en exposition un palmarès enviable et fourni la preuve, dans maintes épreuves de travail, qu'ils étaient parmi les meilleurs. Rendons hommage à Jolie de Mas Gauthier qui fut à la fois championne de travail et championne de beauté.
D'autres que les français ont été séduits par le basset bleu de Gascogne. Il y a, par exemple, Melle Martin, éleveuse hollandaise, connue pour son sérieux et son amour du chien courant. Son élevage a commencé avec des chiens de chez Abadie, avant de continuer avec des bassets de chez Lagarde.
Le Club du Bleu de Gascogne a toujours porté une attention particulière aux qualités de chasse de toutes les races dont il s'occupe et, pour cette raison, organise chaque année un grand nombre d'épreuves de travail qui sont fréquentées avec assiduité par ses membres. Le basset bleu n'est pas en retrait par le travail et dans les épreuves organisées en Seine-et-Marne, nous avons pu remarquer les très bonnes prestations de la part des chiens de M. Bonis ou, plus encore, ceux de M. Cossinet et ceux de M. Thonnat et, surtout, ceux de Mme Dumont, qui a vu deux de ses sujets devenir champions de travail.
Par l'appel fait au sang du petit bleu de Gascogne, les qualités de la race ont été renforcées. Mais on a vu également une augmentation de la taille moyenne. C'est pour tenir compte de cet état des choses que le standard du basset bleu de Gascogne fut modifié pour autoriser une hauteur de 0,42 m. Le président du Club se dit favorable à cette hauteur, car elle est toute indiquée pour la chasse du lièvre, mais il est aussi d'accord, avec nous, pour considérer qu'elle est moins appropriée pour un basset destiné à la chasse du lapin.
Depuis 1980, la popularité du basset bleu de Gascogne s'est fortement accentuée et, avec plus de 200 naissances déclarées par an, nous pouvons être rassurés quant à son avenir.
Il ne semble y avoir aucune mention du basset bleu de Gascogne dans la littérature, avant l'année 1893, quand, pour la première fois, la revue l'Eleveur en parle. Elle nous apprend que l'année précédente, le chenil du Jardin d'Acclimatation avait fait l'acquisition d'un couple de bassets bleus de Gascogne de l'élevage de Monsieur d'Heudières au château de Bois-David en Normandie.
Cet article a provoqué une réponse particulièrement informative au sujet de l'origine de ces chiens:
« Monsieur le Directeur du journal l'Eleveur,
Vos colonnes étant toujours libéralement ouvertes à vos abonnés, j'en profite pour venir vous donner des renseignements sur la création de la race des Bassets Bleus de Gascogne.
C'est dans mon chenil que le fait s'est produit il y a sept ans.
Je cherchais, par sélection, à obtenir d'un croisement de Gascons Saintongeois des sujets propres pour la chasse à tir et, pour cela, je m'étais entouré des lumières et du concours d'un praticien éleveur émérite, M. J. Gautret, de Lanzac, qui a eu une large part dans les résultats que j'ai obtenus.
Il était à cette époque possesseur d'un splendide Saintongeois, Moniteur, descendant des chiens de M. de Saint-Légier. Ce bel étalon, devant lequel je me découvrais avec admiration, avait été donné à une chienne bleue pure Gasconne, descendant des beaux chiens du très regretté M. Piston, possesseur du chenil Fourmis-Dordogne où il les a conservés si longtemps.
J'obtins de ce croisement plusieurs Gascons-Saintongeois, et parmi eux se trouva un couple très près de terre, véritables bassets que j'ai élevés par curiosité; à cause de sa conformation défectueuse j'avais nommé la chienne Misère. Je l'accouplai avec son frère de même structure et j'obtins plusieurs chiens en tout semblables à leur père et mère, entre autres ceux que je vendis à l'honorable M. d'Heudières.
J'avais à tort, depuis deux ans, abandonné cet élevage pour me livrer à celui des Beagles dont quelques sujets ont figuré avec honneur à l'exposition canine de Paris, présentés par M. de Corre, du Vésinet. Je vais revenir à mon ancien élevage, car j'ai encore un excellent et superbe étalon et j'espère bien arriver à mettre en ligne de combat un beau groupe de Bassets Bleus dignes tout au moins d'encouragements, et qui seront appréciés par les chasseurs à tir. Malheureusement, comme vous le savez, Monsieur le Directeur, les expositions de Paris sont très onéreuses pour les provinciaux, ce qui nous fait souvent reculer.
J. G. GIET, propriétaire du chenil de Plaisance-Dordogne. »
D'après la lettre de Monsieur Giet, le basset bleu de Gascogne serait apparu spontanément dans une portée de grands chiens. Leur producteur, certainement de bonne foi, nous dit que les parents de ces bassets étaient de pur sang, au moins jusqu'à à l'époque de Noé. Nous ne pouvons pas exclure la possibilité d'une mutation spontanée, mais il nous paraît plus logique de penser que Monsieur Giet voulait produire, pour la chasse à tir, de petits gascons-saintongeois et que parmi ses géniteurs se trouvaient un petit briquet issu d'un croisement briquet-basset. Une mutation reste dans le domaine du possible mais nous pensons que l'explication de l'apparition de ces bassets se trouve ailleurs.
La publication de la lettre de Monsieur Giet a suscité aussitôt une réponse de la part de Paul Gerusez qui était, comme nous l'avons dit, rédacteur cynégétique de la revue le Sport et connaisseur du basset courant, puisqu'il fut parmi les premiers à avoir acquis des produits de l'élevage de Le Couteulx de Canteleu.
Voici un extrait de l'article sur le basset bleu de Gascogne qu'il a fait publier dans le Sport en janvier 1893:
« Le cas que M. Giet a observé sur les chiens de Gascogne s'est certainement déjà produit sur cette race comme sur toutes les autres, et si la production de ce basset n'a pas été généralisée, je crois en connaître la raison très probable. Je vais beaucoup surprendre M. Giet en, lui disant que j'ai vu des bassets Gascons il y a trente-cinq ans et que je les ai trouves bien loin de la Gascogne en Seine et Oise, chez un garde des bois de Jouy, en pointe de la forêt de Dourdan.
Ces chiens étaient à l'époque assez répandus dans la contrée, ils y étaient venus je ne sais comment, et leur élevage y a été assez vite abandonné pour les raisons suivantes. Ils étaient magnifiques, remplis de race et de sang, le corps aussi développé que les chiens du Baron de Ruble dont ils étaient l'exacte reproduction, sauf les pattes complètement torses et très courtes. Ces gros chiens étaient d'abord très embarrassants, lorsqu'il s'agissait de les transporter en voiture; ils étaient très lents, très lourds, avaient très peu de tenue et étaient tout de suite fatigués, très médiocres lanceurs, indolents et froids dans leur quête, très bavards, criant au sortir du couple et musardant indéfiniment sur de vieilles voies, craignant l'épine et refusant le fourré, très criants et fins de nez, se ralliant mal, jaloux, coupant la voie et dans les défauts faisant à la même place, d'interminables conférences qui, comme toutes les délibérations, se terminaient par une gaffe. Ils s'en retournaient avec un ensemble touchant sur le contre pied avec entrain. En résumé, ils n'avaient aucune qualité et ne manquaient aucun défaut.
Si chaque fois que le basset Gascon s'est produit il était doué de la même manière, je ne suis pas étonné que son élevage ait été partout rapidement abandonné et qu'il soit resté une exception assez rare pour qu'il ait été ignoré des écrivains cynégétiques. J'ai vu, ces temps derniers au chenil du Jardin d Acclimatation deux bassets assez com muns, de taille moyenne, manquant de type quoique assez bien coiffés et ayant le manteau des Gascons Je ne sait pas qu'elle est leur origine mais d'après le récit de M Giet je ne crois pas qu'ils soient d'aussi noble race que les siens ».
Que le lecteur soit prévenu, les bassets décrits par Paul Gerusez ne ressemblaient pas plus aux bassets bleus de Gascogne du chenil du Jardin qu'à la race telle que nous la connaissons aujourd'hui. Par contre, sa description fait penser aux gros bassets lourds dont nous avons trouvé trace sous le Second Empire.
Après la lecture de ces deux extraits, on est obligé d'admettre que la question de l'origine du basset bleu de Gascogne reste ouverte. Il est certain, pourtant, que l'existence de cette race n'était pas reconnue avant l'arrivée du couple composé de Renfort et Rigolette au chenil du Jardin.
Monsieur Gerusez pouvait être tranquille, les deux bassets bleus qu'il a vus chassaient très bien. Lesèble, le directeur du Jardin, parle d'eux dans un article dans la Chasse Illustrée en 1894: « Le travail de ces animaux m'a véritablement enthousiasmé ». Léon Verrier a confirmé plus tard les impressions de Lesèble quant à leurs qualités au travail.
Nous ne savons pas exactement pourquoi mais l'intérêt porté à cette race n'était pas suffisant pour inciter les amateurs à entreprendre un élevage suivi. Lorsque l'attention d'Alain Bourbon s'est portée sur le basset bleu de Gascogne, une dizaine d'années plus tard, il n'en a pu trouver chez Monsieur d'Heudières. Dans son livre sur les bassets courants paru en 1912, il explique que l'origine des ses bassets serait la suivante: « Possédant alors des bassets Saintongeois noirs et blancs, je les alliai avec les plus belles chiennes bleus que je pus trouver. J'achetais plus tard quelques chiennes à la démonte de l'équipage de Mme Guymet, Nelusko, Selika, Fatma, tous gagnants aux expositions des Tuileries de Paris, puis plusieurs autres et, grâce à la pureté de mes bassets, je pus élever quelques bassets ».
Alain Bourbon n'est peut-être pas le véritable père du basset bleu de Gascogne mais il en est au moins le père adoptif. Il fut le premier à se lancer dans un élevage suivi de cette race et, avec ses connaissances cynégétiques, est arrivé à produire de beaux et bons sujets. Il a eu d'autant plus de mérite que cette race n'était pas reconnue officiellement et, aux expositions, il a fallu réclamer des classes spéciales pour ses chiens.
Alain Bourbon habitait et chassait dans la Mayenne où ses beaux équipages pour la chasse à courre du lièvre furent célèbres. Son activité comme éleveur du basset bleu de Gascogne fut la plus importante et la plus fructueuse dans la décennie précédant la Première Guerre. Il a été le premier à faire publier un livre dédié aux seuls bassets courants (Nos Bassets Français). II a aussi essayé de faire accepter l'idée du basset saintongeois mais ce projet n'a pas reçu un écho favorable et est rapidement tombé dans un semi-oubli.
Dans l'entre-deux-guerres, la production du basset bleu de Gascogne était juste suffisante pour entretenir sa reconnaissance officielle. On voit son nom apparaître de temps à autre dans les comptes-rendus d'expositions canines avec des commentaires peu favorables, sauf en ce qui concerne la robe. Il est très difficile d'arriver à une juste appréciation du véritable effectif d'une race quand le club qui devrait en être responsable (dans ce cas le Club du Basset Français) somnole, quand elle est élevée principalement pour la chasse et quand sa participation aux expositions canines est un piètre indicateur de sa popularité réelle. Nous avons toutefois l'impression que pendant cette période, la race vivotait plutôt que prospérait.
Les renseignements nous manquent pour nous permettre de suivre la reconstitution de la race après la seconde guerre. Vu le petit nombre rencontré dans la période précédant la Guerre, il est plus que vraisemblable qu'elle était dans une situation très difficile à la fin des années 1940.
Le Club du Bleu de Gascogne, Gascon-Saintongeois, Ariègeois
Il existait un premier Club du Gascon-Saintongeois et du Chien Bleu de Gascogne, dont nous n'avons pas de renseignements, si ce n'est que le secrétaire était un certain Monsieur de Lacaze. Cette association a disparu et a été remplacée par le Club de Bleu de Gascogne, présidé par Monsieur Boulous, de Nice, au début des années 1950. Dans cette période de l'après-guerre, on n'a pas fait beaucoup cas du basset bleu et on peut penser qu'il n'était pas en tête de liste des priorités pour les dirigeants de ces organisations.
Le Club du Bleu de Gascogne s'était assoupi quand, en 1967, notre collègue et ami Roger Bachala a pris sa destinée en main. Dans l'article paru au bulletin du Club, en hommage à son grand ami Etienne Perry, décédé en 1983, il a expliqué comment il fut amené à accepter cette charge:
« Dès 1965, M. Ferry me demandait de ranimer le Club du Bleu. Je n'envisageais pas alors de prendre ces responsabilités.
En 1967, le premier dimanche de décembre, lors de la Saint-Hubert du Rallye Elusate à Eauze, dans le Gers, M. Ferry me tendit une lettre d'un certain M. Parraud, éleveur à Rouen, envisageant de constituer un Club du Bleu.
Craignant alors que cette race ne soit dirigée par un éleveur étranger à la Gascogne, je décidais, sur le champ, de réunir les éleveurs de Bleu afin de les inciter à faire renaître le Club. Des convocations partaient et la réunion préparatoire siégeait le lundi 17 décembre 1967, regroupant dix éleveurs qui décidaient de convoquer une assemblée générale pour le 5février. M. Ferry présidait cette première instance officielle.
Un comité fut élu. M. Ferry, refusant de prendre la présidence du Club et n'acceptant que la vice-présidence, fut élu à l'unanimité à ce poste ».
C'est à peu près à l'époque de la renaissance du Club du Bleu que Monsieur Jean Abadie, du Gers, a commencé à rappeler aux amateurs de chiens courants l'existence du basset bleu de Gascogne, en présentant aux expositions des sujets de son élevage. Pendant un certain temps, il était à peu près le seul à s'occuper de cette belle race et nous nous rappelons bien l'intérêt suscité par ses chiens auprès des visiteurs du Salon Agricole de la Porte de Versailles, à la fin des années 1960. Pour beaucoup, c'était la première occasion de voir cette race de bassets en chair et en os. Ces bassets étaient issus d'un élevage fondé avec des «bassets de pays» que Monsieur Abadie a pu trouver dans sa région.
La majorité des bassets bleus actuels ont leurs origines dans cet élevage. Le faible nombre de reproducteurs disponible a rendu nécessaire l'emploi modéré du petit bleu de Gascogne pour assurer la pérennité de la race sans se heurter à des problèmes de consanguinité.
L'un des élevages ayant suivi cette voie est celui de Monsieur Lagarde du Tarn et Garonne. Après avoir été déçu par le trop lent progrès obtenu avec des bassets de qualité modeste, il s'est tourné vers un petit bleu de Gascogne pour l'aider dans la reconstitution de la race. Grâce à une sélection consciencieuse, il a pu établir un excellent type et les bassets bleus portant l'affixe de Jouan Lagarde ont souvent été primés en exposition et récompensés aux épreuves de travail. On peut citer en exemple le chien Mascaro de Jouan Lagarde qui n obtenu de nombreux C.A.C.I.B. et 7 brevets de chasse, dont 3 sur lièvre.
Citons aussi Monsieur Vulvain, habitant la Haute Vienne, qui a tant oeuvré pour faire connaître cette race en France et à l'étranger. Les chiens portant l'affixe du Mas Gauthier ont obtenu en exposition un palmarès enviable et fourni la preuve, dans maintes épreuves de travail, qu'ils étaient parmi les meilleurs. Rendons hommage à Jolie de Mas Gauthier qui fut à la fois championne de travail et championne de beauté.
D'autres que les français ont été séduits par le basset bleu de Gascogne. Il y a, par exemple, Melle Martin, éleveuse hollandaise, connue pour son sérieux et son amour du chien courant. Son élevage a commencé avec des chiens de chez Abadie, avant de continuer avec des bassets de chez Lagarde.
Le Club du Bleu de Gascogne a toujours porté une attention particulière aux qualités de chasse de toutes les races dont il s'occupe et, pour cette raison, organise chaque année un grand nombre d'épreuves de travail qui sont fréquentées avec assiduité par ses membres. Le basset bleu n'est pas en retrait par le travail et dans les épreuves organisées en Seine-et-Marne, nous avons pu remarquer les très bonnes prestations de la part des chiens de M. Bonis ou, plus encore, ceux de M. Cossinet et ceux de M. Thonnat et, surtout, ceux de Mme Dumont, qui a vu deux de ses sujets devenir champions de travail.
Par l'appel fait au sang du petit bleu de Gascogne, les qualités de la race ont été renforcées. Mais on a vu également une augmentation de la taille moyenne. C'est pour tenir compte de cet état des choses que le standard du basset bleu de Gascogne fut modifié pour autoriser une hauteur de 0,42 m. Le président du Club se dit favorable à cette hauteur, car elle est toute indiquée pour la chasse du lièvre, mais il est aussi d'accord, avec nous, pour considérer qu'elle est moins appropriée pour un basset destiné à la chasse du lapin.
Depuis 1980, la popularité du basset bleu de Gascogne s'est fortement accentuée et, avec plus de 200 naissances déclarées par an, nous pouvons être rassurés quant à son avenir.
Dernière édition par Bruno DEGRANGE le Dim 30 Juin 2013 - 15:56, édité 1 fois
Re: Origine du Basset Bleu de Gascogne
Quel article !
Il mériterait, avec l'accord des auteurs, d'être inséré dans la revue, dans la continuité des articles sur le basset.
Les origines du bbg sont très clairement détaillées et complèteraient notamment l'article d'André Lagarde .
Merci Bruno !
Il mériterait, avec l'accord des auteurs, d'être inséré dans la revue, dans la continuité des articles sur le basset.
Les origines du bbg sont très clairement détaillées et complèteraient notamment l'article d'André Lagarde .
Merci Bruno !
bédé16- Messages : 817
Date d'inscription : 07/05/2012
Age : 48
Localisation : 16 & 63
Re: Origine du Basset Bleu de Gascogne
laurent 83 a écrit:On en voudrait encore stp:D
Voilà qui est fait.
Un extrait de Nos bassets Français par Alain BOURBON (Imp. Goupil, Laval - 1912)
CHAPITRE III
Basset bleu de Gascogne
Le Basset bleu de Gascogne est, pour l'amateur, la plus jolie race existante; fort rare encore de nos jours, car elle a été abandonnée il y a déjà longtemps et ce n'est que par hasard que quelques vieux chasseurs en ont possédé quelques types purs. Les derniers ont été chez M. d'Heudière, qui en posséda tout un petit équipage. Puis quelques sujets furent vendus au chenil du Jardin d'Acclimatation, si florissant à cette époque. Un maître et de plus un vieil ami, M. Lesèble, en tenta l'élevage au Jardin.
La vie sédentaire de ces braves chiens ne leur convint-elle pas ? Je ne le sais, mais ils moururent malgré tous les soins que leur prodigua M. Lesèble. Admirateur de cette vieille race, dont je ne connaissais pas toute la valeur, je tentai à mon tour de la faire revivre. Je priai des amis de m'envoyer du midi quelques bassets du plus beau type: ce fut un fiasco complet Animaux disparus, impossible de rien trouver! Me répondit-on de tous côtés.
Possédant alors des bassets Saintongeois noirs et blancs, je les alliai avec les plus belles chiennes bleues que je pus trouver. J'achetai plus tard quelques chiens à la démonte de l'équipage de Mme Guimet: Nelusko, Selika, Fatma, tous gagnants aux expositions des Tuileries de Paris, puis plusieurs autres et, grâce à la pureté de mes bassets, je pus élever quelques bassets.
Je sélectionnai et formai ainsi plusieurs familles et, depuis quinze années, je suis parvenu à un résultat. J'ai maintenant une douzaine de bons bassets bleus, avec le type primitif comme construction et couleur. Ces chiens ne ressemblent pas à leurs congénères. Ils sont plus élégants et dénotent par leur tenue une vieille origine. Leur couleur bleue ou lie-de-vin leur donne un cachet tout particulier : l'encolure est longue, surmontée d'une tête sèche et osseuse, l'os occipital très développé et pointu ; figure expressive mais triste, yeux bruns langoureux ; le nez busqué et quadrillé de couleur feu pâle; deux petites lunettes de feu pâle au-dessus de chaque œil et sur les joues.
Coiffés de très longues oreilles noires, très fines et papillottées, attachées excessivement bas, l'air timide dans un habit sévère et peu voyant. La babine bien accusée et un fanon tombant bien d'aplomb avec l'avant de la poitrine, qui est très descendue et profonde ; épaules sèches et pleines de muscles; pattes fortes mais sèches; pieds de lièvres; cuisses plutôt plates retroussées; fouet attaché un peu plus bas que la ligne du dos; rein parfois arqué.
Couleur bleu truité ou blanc et noir avec mouchetures (le noir est toujours très foncé, donnant un reflet aile de corbeau); le bas des pattes quadrillé de feu pâle jusque sur les ongles. Voilà leur physique.
Comme qualités, ce sont des chasseurs endiablés, mais se fiant dans la grande finesse de leur nez. Chassant par tous les temps, sécheresse, gelées, rien ne les dérange; ils sont de très haut nez, vigoureux, d'un train soutenu, très droits sur la voie et très lançants.
Possédant avec cela des voix magnifiques de gros hurleurs, ils mènent grand bruit, ils sont très ralliants et rien n'est plus intéressant que de les voir faire un rapproché sur une voie de la nuit. On est toujours certain de lancer son animal, car les doubles voies ne les embarrassent guère, mais ils sont souvent musards sur des voies très hautes. C'est le seul reproche à leur adresser. Mais si la voie est bonne, ils la débrouillent vivement et s'en vont directement trouver leur lièvre, traversant routes, guérets, sans aucune peine, pas vite, mais sûrement. Après le lancé, ils ont un train soutenu pendant plusieurs heures.
Pour le plaisir de l'oreille, rien ne vaut un rapproché avec une douzaine de ces braves petits chiens, tous hurlants sur différents tons.
Aimant beaucoup la voie du lièvre, ils chassent néanmoins parfaitement le lapin, passant dans les ronciers et les fourrés comme des griffons.
Sur le chevreuil, ils sont merveilleux et je me suis souvent amusé en septembre à leur faire rapprocher des chevreuils. Sitôt lancé et le premier moment d'épouvante passé, lorsque le brocart s'aperçoit à qui il a affaire, rien n'est plus joli que de voir sur la lande un gros chevreuil bondir pendant quelques mètres, puis s'arrêter court, laissant approcher à vingt mètres de lui la meute hurlante; puis, comme ils chassent toujours le nez haut, apercevant leur animal c'est un à vue, et cela recommence cent mètres plus loin. Douze bassets Gascons font plus de musique que soixante de nos bâtards actuels.
Pour le vieux veneur que la goutte et les rhumatismes empêchent de chasser à courre, c'est avec quelques couples de ces petits chiens qu'il revivra son jeune temps. Il croira encore assister aux abois d'un cerf, et, malgré lui, il fredonnera entre ses dents et sa pipe un joyeux bien-aller.
Basset bleu de Gascogne
Le Basset bleu de Gascogne est, pour l'amateur, la plus jolie race existante; fort rare encore de nos jours, car elle a été abandonnée il y a déjà longtemps et ce n'est que par hasard que quelques vieux chasseurs en ont possédé quelques types purs. Les derniers ont été chez M. d'Heudière, qui en posséda tout un petit équipage. Puis quelques sujets furent vendus au chenil du Jardin d'Acclimatation, si florissant à cette époque. Un maître et de plus un vieil ami, M. Lesèble, en tenta l'élevage au Jardin.
La vie sédentaire de ces braves chiens ne leur convint-elle pas ? Je ne le sais, mais ils moururent malgré tous les soins que leur prodigua M. Lesèble. Admirateur de cette vieille race, dont je ne connaissais pas toute la valeur, je tentai à mon tour de la faire revivre. Je priai des amis de m'envoyer du midi quelques bassets du plus beau type: ce fut un fiasco complet Animaux disparus, impossible de rien trouver! Me répondit-on de tous côtés.
Possédant alors des bassets Saintongeois noirs et blancs, je les alliai avec les plus belles chiennes bleues que je pus trouver. J'achetai plus tard quelques chiens à la démonte de l'équipage de Mme Guimet: Nelusko, Selika, Fatma, tous gagnants aux expositions des Tuileries de Paris, puis plusieurs autres et, grâce à la pureté de mes bassets, je pus élever quelques bassets.
Je sélectionnai et formai ainsi plusieurs familles et, depuis quinze années, je suis parvenu à un résultat. J'ai maintenant une douzaine de bons bassets bleus, avec le type primitif comme construction et couleur. Ces chiens ne ressemblent pas à leurs congénères. Ils sont plus élégants et dénotent par leur tenue une vieille origine. Leur couleur bleue ou lie-de-vin leur donne un cachet tout particulier : l'encolure est longue, surmontée d'une tête sèche et osseuse, l'os occipital très développé et pointu ; figure expressive mais triste, yeux bruns langoureux ; le nez busqué et quadrillé de couleur feu pâle; deux petites lunettes de feu pâle au-dessus de chaque œil et sur les joues.
Coiffés de très longues oreilles noires, très fines et papillottées, attachées excessivement bas, l'air timide dans un habit sévère et peu voyant. La babine bien accusée et un fanon tombant bien d'aplomb avec l'avant de la poitrine, qui est très descendue et profonde ; épaules sèches et pleines de muscles; pattes fortes mais sèches; pieds de lièvres; cuisses plutôt plates retroussées; fouet attaché un peu plus bas que la ligne du dos; rein parfois arqué.
Couleur bleu truité ou blanc et noir avec mouchetures (le noir est toujours très foncé, donnant un reflet aile de corbeau); le bas des pattes quadrillé de feu pâle jusque sur les ongles. Voilà leur physique.
Comme qualités, ce sont des chasseurs endiablés, mais se fiant dans la grande finesse de leur nez. Chassant par tous les temps, sécheresse, gelées, rien ne les dérange; ils sont de très haut nez, vigoureux, d'un train soutenu, très droits sur la voie et très lançants.
Possédant avec cela des voix magnifiques de gros hurleurs, ils mènent grand bruit, ils sont très ralliants et rien n'est plus intéressant que de les voir faire un rapproché sur une voie de la nuit. On est toujours certain de lancer son animal, car les doubles voies ne les embarrassent guère, mais ils sont souvent musards sur des voies très hautes. C'est le seul reproche à leur adresser. Mais si la voie est bonne, ils la débrouillent vivement et s'en vont directement trouver leur lièvre, traversant routes, guérets, sans aucune peine, pas vite, mais sûrement. Après le lancé, ils ont un train soutenu pendant plusieurs heures.
Pour le plaisir de l'oreille, rien ne vaut un rapproché avec une douzaine de ces braves petits chiens, tous hurlants sur différents tons.
Aimant beaucoup la voie du lièvre, ils chassent néanmoins parfaitement le lapin, passant dans les ronciers et les fourrés comme des griffons.
Sur le chevreuil, ils sont merveilleux et je me suis souvent amusé en septembre à leur faire rapprocher des chevreuils. Sitôt lancé et le premier moment d'épouvante passé, lorsque le brocart s'aperçoit à qui il a affaire, rien n'est plus joli que de voir sur la lande un gros chevreuil bondir pendant quelques mètres, puis s'arrêter court, laissant approcher à vingt mètres de lui la meute hurlante; puis, comme ils chassent toujours le nez haut, apercevant leur animal c'est un à vue, et cela recommence cent mètres plus loin. Douze bassets Gascons font plus de musique que soixante de nos bâtards actuels.
Pour le vieux veneur que la goutte et les rhumatismes empêchent de chasser à courre, c'est avec quelques couples de ces petits chiens qu'il revivra son jeune temps. Il croira encore assister aux abois d'un cerf, et, malgré lui, il fredonnera entre ses dents et sa pipe un joyeux bien-aller.
Re: Origine du Basset Bleu de Gascogne
Jolie travail de recherche Bruno merci pour ton investissement pour la race.
pascal 07- Messages : 82
Date d'inscription : 01/05/2012
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